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SAINTE-LUCE - FORÊT MONTRAVAIL : À LA DÉCOUVERTE DES ROCHES GRAVÉES PRÉCOLOMBIENNES

Date de publication
22 mars 2022

SAINTE-LUCE - DIMANCHE 20 MARS 2022 - RANDO MARTINIQUE-ÉCOLOGIE. Une cinquantaine de participants, pour moitié randonneurs aguerris, pour l’autre courageux et téméraires, ont emprunté le grand circuit au milieu d’une forêt tropicale peuplée essentiellement de Mahogany du Honduras où s'érigent, par-ci par-là, quelques espèces endémiques qui font la belleté de nos paysages.

Courbaril, acajou, bois canon, bois rivière, bois bougie, gommier blanc, pin caraïbe, génipa et bien d’autres espèces végétales ont suscité la curiosité de nos botanistes en herbe, heureux de partager ce moment de ressourcement matinal. Une intensité de vie où seuls quelques vanilliers, ailes-ravet et autres épiphytes viennent trouver refuge sur les immenses troncs dans une lutte entre végétaux pour s’emparer du peu de lumière. Tous s’affrontent à l’ombre des arbres de hautes tailles tel ce majestueux fromager qui suscita bien des commentaires à forts relents mystiques. Incontestablement, le cadre enchanteur de Montravail a séduit nos randonneurs. Terrain de jeu privilégié du Président durant son jeune âge où, en compagnie de la marmaille des quartiers Oblot, Croisé Baron et Monésie, arbalètes à la main, ils dévalaient ces sentiers pittoresques au mitan d’une forêt et d’une végétation jadis vierges de tout habitat. Seules manquent à l’appel, les vastes plantations de café robusta qui façonnaient nos paysages de la campagne lucéenne et dont le parfum embaumait le réveil aux aurores à l’appel de Manman Lala. Terre aux multiples mares, Oblot fut autrefois cette oasis qui permettait d’affronter les carêmes trop arides. Quant à l’actuelle forêt Montravail, elle fut traversée par d’abondantes rivières aux délicieux kribich et dont l’assèchement traduit aujourd’hui la perte évidente d’une biodiversité à jamais disparue.

Les roches gravées : un site à sauvegarder

Mais, incontestablement, le point d’orgue de ce dimanche ensoleillé demeure la découverte des roches gravées sur le terrain familial de Taylor Choux, propriété aujourd’hui de la municipalité de Sainte-Luce. Dans un brillant exposé (voir vidéo), l’anthropologue Thierry L’Étang, ex-directeur scientifique et culturel du Mémorial ACTe de Guadeloupe, a retracé l’histoire de ce site archéologique précolombien redécouvert dans les années 1970. Ces pétroglyphes de plus de quinze siècles d’existence témoignent aussi de l’histoire du peuplement de la Martinique d’où l’urgence d’une préservation des lieux. En effet, l’impression d’abandon de ce site exceptionnel contraste singulièrement avec l’intérêt manifeste des nombreux visiteurs que nous croisons régulièrement autour des roches gravées. Indubitablement, au-delà des discours, l’archéologie martiniquaise mérite une réelle politique de préservation et de mise en valeur qui nécessite des actes concrets, de terrain, bien éloignés des réunions dans les bureaux climatisés de Didier. Or, depuis près de quatre ans le site archéologique de Montravail périclite dans l’indifférence générale de ceux qui devraient le sauver et le valoriser, ne serait-ce qu’à travers un panneau ou une plaque signalétique.

Retour à la randonnée après ce plongeon dans notre passé amérindien. Plus que quelques raidillons à gravir pour regagner l’aire d’accueil et boucler cette escapade pédestre. Puis, place au réconfort autour d’un succulent ti-nain morue que nos randonneurs ont dégusté après une matinée conviviale et mémorable.

Louis Boutrin

 

Prochaine RANDO : le 24 avril 2022 sur les Traces des rivières sèches du Sud entre Anse Noire à Gallochat (Commune des Anses d’Arlet)