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L'association "Pour une Ecologie Urbaine" apporte des preuves de l'utilisation du chlordécone après 1993

Date de publication
28 juin 2022

     L'association "Pour une Ecologie Urbaine" a tenu ce vendredi 24 juin, une conférence de presse à l'hôtel IMPERATRICE à Fort-de-France, avec sa secrétaire générale Génya JOS et ses avocats Me Louis BOUTRIN, Raphaël CONSTANT, Me Ernest DANINTHE, Me Corinne BOULOGNE YANG TING, Me Margaret TANGER. En effet, à quelques jours de la décision des juges d'instruction sur l'affaire du chlordécone, un non-lieu est en train de se profiler. Pour les non-initiés au langage juridique "non-lieu" signifie "Circulez, y'a plus rien à voir ! Affaire définitivement close". 

   Ces avocats ont fourni à la presse plus d'une quinzaine de témoignages d'ouvriers agricoles ayant travaillé sur diverses bananeraies à travers la Martinique et leurs déclarations, mises par écrit (cf. document au bas du présent article), sont formelles : ordre a bel et bien été donné à ces ouvrières et ouvriers de mettre du chlordécone au pied des bananiers bien après 1993. Ordre donné par qui ? Par les propriétaires, majoritairement békés, des plantations en question. Et pire : pas seulement du Curlone (nom commercial du chlordécone) mais aussi d'autres pesticides extrêmement dangereux comme le Démacure.

   Mais cette violation de l'arrêté d'interdiction du chlordécone ne s'arrête pas là : dans les témoignages recueillis par l'association "POUR UNE ECOLOGIE URBAINE", les ouvriers témoignent du fait que leurs patrons refusaient de leur fournir des masques et des gants. Ils ont alors été contraints de les acheter avec leurs propres deniers ! Des ouvriers, soit dit en passant, qui ne gagnaient même pas le SMIC ou qui, pour certains, n'étaient pas déclarés. Aujourd'hui, ils ne disposent même pas 400 euros de retraite et figurent par conséquent parmi les 30% de Martiniquais vivant en-dessous du seuil de pauvreté.

   Plusieurs de ces témoignages indiquent donc que le chlordécone fut utilisé jusqu'en 2004 soit jusqu'à 13 ans après la date d'interdiction qui était, rappelons-le, 1993 ! Pesticide importé par les Etablissement De Lagarrigue et fortement recommandé aux planteurs par la SICABAM, groupement de planteurs, présidé par YVES HAYOT. Un petit exploitant agricole, aujourd'hui retraité, est formel :  

   "Il y avait une pression de la SICABAM pour qu'elle revende nos productions car il fallait justifier, factures à l'appui, de l'achat de Curlone aux établissements De Lagarrigue".

 

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   Tous ces témoignages ont été transmis par les avocats de l'association "POUR UNE ECOLOGIE URBAINE", Me BOUTRIN, CONSTANT et TANGER, aux juges d'instruction parisiens qui évoquent la prescription dans cette affaire et s'apprêtent à prononcer un non-lieu sans avoir jamais prononcé une seule mise en examen. Or, l'utilisation massive du chlordécone par ces ouvriers durant des décennies a entrainé chez eux toutes espèces de maladies graves, notamment des cancers de la prostate dont la (pourtant minuscule) Martinique, a le taux le plus élevé du monde. Sans même parler de tous ces ouvriers qui sont décédés dans le silence le plus absolu !

   On mesure alors l'inconséquence de la fameuse Commission d'enquête parlementaire dont Serge LETCHIMY fut le président qui vint en grandes pompes en Martinique et en Guadeloupe sans interroger aucun grand planteur ni recueillir aucun témoignage d'ouvriers agricole. C'était en 2019 et depuis, nul n'entend plus parler, trois ans plus tard, de ladite commission dont le véritable objectif était plus électoraliste qu'autre chose. Il est vrai que c'était le même LETCHIMY qui, en 2007, avait fait défiler dans les rues de Fort-de-France l'association "Machann Foyal", regroupant les revendeuses de fruits et légumes des différents marchés de la ville, pour conspuer L. BOUTRIN et R. CONFIANT, coupables d'avoir publié un livre intitulé "Chronique d'un empoisonnement annoncé" dans lequel ils dénonçaient l'usage de ce pesticide. 

 

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   Même démagogie chez nos quatre députés récemment élus dont la voix n'a guère été entendue dans l'affaire du chlordécone, sauf pour l'un d'entre eux qui était maire et qui avait pris un décret d'interdiction des pesticides dans sa commune. Décret risible puisque ce genre de décision n'entre pas dans les attributions des maires ! Mais, de toute évidence, silence prudent et démagogie sont très payants électoralement parlant dans notre chère Martinique où l'on est habitué à prendre des vessies pour des lanternes.

 

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   Que vont faire les juges en charge du dossier du chlordécone à présent ? Vont-ils écarter d'un revers de main les témoignages accablants de ces ouvriers agricoles ? Oseront-ils prononcer un non-lieu ? C'est que nous saurons incessamment sous peu.

 

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