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AGRO-ÉCOLOGIE : QUELLES AIDES FINANCIÈRES POUR LES PETITS EXPLOITANTS AGRICOLES ?

Date de publication
15 novembre 2023

Jossaud – Rivière-Pilote – 10 nov. 2023. A l’initiative des membres de la Coopérative agricole et de l’OPAM (Organisation Patriotique des Agriculteurs de Martinique), les petits exploitants agricoles réunis à la SICA de Fougainville ont interpellé leurs invités sur l’épineuse question du financement de leurs activités et ce, en pleine mutation agricole autour de l’agro-écologie. Après une intervention de Romain Bellay, le Président de l’OPAM exposant les difficultés de la petite paysannerie, tour à tour, Nicaise Monrose (Conseiller exécutif à la CTM et Pdt du PARM), Louis Boutrin (Avocat et Conseiller territorial) ainsi qu’Armand Rémonet (Responsable du Secteur au Crédit Agricole) ont apporté leur éclairage visant à accompagner les agriculteurs présents à travers des échanges parfois vifs mais francs et directs.

C’est Romain Bellay qui a ouvert cette séance de travail dans l’enceinte même de la SICA (société d’intérêt collectif agricole) de Fougainville dont l’état de délabrement reflète bien les difficultés que traversent actuellement l’agriculture paysanne. Après plus de quarante ans dans le secteur, l’homme maîtrise bien son sujet.  La clarté de ses propos et son expérience de militant de la cause agricole lui donnent toute autorité pour défendre la profession et ses collègues exploitants agricoles. Aussi, son constat est sans appel : en deçà de 1,5 hectares, les petits exploitants qui ont opté pour la diversification agricole n’ont aucune chance de s’en sortir voire de dégager un salaire autour du SMIC d’où leur inquiétude exprimée non sans véhémence pour certains.

Une situation insoutenable qui n’a pas échappé à l’esprit perspicace de Nicaise Monrose, acteur incontournable du monde agricole en charge actuellement de l’ambitieux projet de transformation agro-écologique à la CTM. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Ils méritent un sursaut des acteurs professionnels et une réforme du POSÉI (Programme d’Options Spécifiques à l’Éloignement et à l’Insularité) que le Conseiller exécutif et Maire de Sainte-Luce appelle de ses vœux : sur les 340 M€ (millions d’euros) alloués à l’Outre-Mer, la Martinique obtient à elle-seule plus de 129 M€. Cependant, la répartition du POSEI Martinique reflète à la fois des inégalités manifestes et le malaise actuel de la profession. C’est encore la filière banane qui profite de près de 95 M€ des subventions allouées et 6 M€ pour la filière Canne-sucre-rhum. Reste 14 M€ pour l’ensemble des filières animales et moins de 5 M€ pour le maraîcher. Et pour être complet, seules 6 personnes bénéficient de 80 % des 95 M€ alloués à la banane. Sans un changement radical du mode de répartition des aides agricoles, ce cadre général d’une économie de comptoir persistera encore longtemps. 

Une analyse partagée totalement pour Louis Boutrin, Conseil exécutif en charge de développement durable sous la précédente mandature, qui propose également une modification du POSÉI pour conforter les productions végétales et animales et accompagner les petits agriculteurs par une augmentation des volumes de productions et des potentialités de l’agro-transformation. Cette étape nécessite une réforme agraire, une structuration des filières et un accompagnement dans le montage juridique et financement de structures agricoles assuré depuis plusieurs mois par l’avocat auprès des agriculteurs de Jossaud. Louis Boutrin s’est félicité de la reconduction des dispositifs d’aide CTM mis en place de 2016 à 2022 à l’attention des petites exploitations agricoles notamment pour les exploitants qui gagnent moins de 13.000 €/ an : aides à la transformation et à la commercialisation des produits agricoles, aides aux entreprises agricoles en difficulté, aides à l’investissement et au démarrage pour les groupements et organisations de producteurs.

Quant à Armand Rémonet, il a rappelé l’existence de financements actuellement disponibles auprès de la banque verte. Homme de terrain, il s’attèle à jouer la carte de la proximité pour répondre au plus près aux besoins des petits exploitants qui demeurent un part non négligeable de sa cliente.  Les financements existent donc mais peu ou mal consommés d’où l’intérêt d’une information auprès d’une profession en mal de structuration. La présence de jeunes agriculteurs à la SICA de Fougainville vendredi soir demeure cependant un signe encourageant pour l’avenir.

Reste maintenant à sensibiliser les consommateurs sur les enjeux d’une agriculture nourricière, saine et respectueuse de l’environnement. Car, au-delà des objectifs d’autonomie alimentaire, c’est bien la transformation agricole de la Martinique qu’il convient de renforcer à travers notamment un plan de relance agricole et une approche systémique intégrant la transition agro-écologique. Un tel défi passe nécessairement par une concorde martiniquaise !

J-L. A.

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